Education à l'Image


Un atelier de création sonore en école primaire

Contexte du projet de l’atelier

Alsace Cinémas organise en partenariat avec l’Académie de Strasbourg le Concours de critique cinématographique des dispositifs d’éducation à l’imagePour sa 2e édition, le concours a été ouvert aux élèves du Cycle 3 des écoles primaires (CM1/CM2). Ceux-ci ont pu y participer aux côtés des collégiens et des lycéens d’Alsace. Les films sur lesquels les élèves ont écrit leurs critiques sont des films programmés dans le cadre de l’un de ces dispositifs scolaires : Ecole et cinéma, Collège au cinéma et Lycéens et apprentis au cinéma.

Trois écoles ont participé cette année. Il s’agit de l’école primaire de La Claquette, l’école primaire de Gerstheim, l’école primaire de Châtenois.
Chaque élève a écrit une critique de film puis l’ensemble de la classe après lecture a voté pour les 3 
meilleurs textes. Ce sont ces derniers qui ont concouru. La classe lauréate du concours d’Ecole et cinéma a remporté un atelier de création sonore.

La classe de CE2/CM1 de La Claquette a gagné le 1er prix : un atelier de 3 heures, réparti sur la journée, portant sur le son et la façon de bruiter un film. Mené par Hervé Cellier, réalisateur sonore et intervenant à l’université de Strasbourg, cet atelier a eu lieu le 20 juin dans la classe.

Journal de bord de l’atelier

Intervenant: M. Hervé Cellier, enseignant et bruiteur professionnel, assisté de Mme Gersende Alix, chargée de diffusion régionale à Alsace Cinémas.

                                                         

L’idée du bruitage

Le matin, Hervé Cellier a montré aux enfants un court métrage d’animation de 5 minutes (« Demain il pleut », de Mélanie Vialaneix et Anne-Cécile Pheng Pheng). 

La notion de « décor sonore »

Ils l’ont d’abord visionné sans le son, afin d’observer et « d’écouter » les images, pour faire naître dans leur imaginaire des sons qui accompagnent les images. Puis le film a été visionné avec sa bande-son : après avoir pu laissé libre court à leur créativité et avoir été ainsi éveillés à la notion de bande-son, ils ont pu apprécier à sa juste valeur la qualité créative du son du film. 

                           

Les sons diégétiques et non diégétiques

A cette occasion, les enfants ont listé les bruits apparaissant dans le court et qu’ils devront reproduire par eux-mêmes ensuite. On peut les aider en distinguant 2 catégories : les sons diégétiques (dont la source apparaît à l’image) et les sons non-diégètiques (dont on ne peut repérer la source dans l’image, les éléments concernés étant donc « hors champ »)

La réalisation des bruitages et les prises de son

Ouvrant sa mallette remplie de trésors sonores, l’intervenant demande aux élèves de manipuler les objets et d’essayer de deviner quel son ils sont susceptibles d’imiter (et oui, les objets de bruitages n’ont pas toujours la même autonomie que les objets « source »!). Ceci n’est pas forcément évident, puisqu’après le bruitage, les sons enregistrés vont nécessiter un traitement sonore pour arriver à un résultat qui fasse illusion! La manipulation digitale d’accessoires et jouets est très appréciée de tous les publics car cela donne l’impression de faire et d’avoir la main sur le coeur du processus de l’atelier. 
Puis à son tour, l’intervenant a montré aux élèves comment réaliser ces bruits avec des objets variés, par exemple :
– en frottant un ballon gonflé, on obtient des bruits de tonnerre, 
– en secouant deux ballons non gonflés, on obtient des bruits d’oiseaux qui volent, 
– en faisant tomber du riz sur un parapluie ouvert, on obtient des bruits de pluie,.. 

 

Le montage son et la synchronisation avec les images

L’après-midi, les enfants ont enregistré ces bruits eux-mêmes sur le logiciel Audacity, comme le leur a montré Hervé. (Audacity est un logiciel d’enregistrement et de traitement sonore, gratuit, que l’on peut donc télécharger librement sur Internet)
Un micro stéréo permet même de restituer un mouvement dans l’espace grâce à la stéréo. L’initiation à la prise de son est un premier exercice technique très révélateur des secrets de fabrication du cinéma et contribue à un éveil certain du public. Techniquement, l’utilisation d’un enregistreur avec micro stéréo intégré est recommandée pour cet atelier : pour la prise de son d’une part et pour la qualité de conversion numérique de l’enregistrement d’autre part (les convertisseurs analogiques de l’appareil pouvant se substituer à une carte son médiocre d’un ordinateur standard).
Le jour de l’atelier, chaque enfant a réalisé un bruit seul ou en petits groupes.

Le traitement du son

Chaque enregistrement sonore est traité afin d’obtenir le résultat escompté. Exemple : pour produire un bruit d’orage, on va enlever les fréquences aigües à l‘échantillon provenant de la prise de son réalisée à l’aide d’un ballon de baudruche. Par exemple, toujours pour produire une atmosphère orageuse, on peut aussi superposer le même échantillon joué à l’envers, pour ajouter une note un peu fantastique au résultat.

La continuité de l’atelier

La journée n’ayant pas suffit (grand groupe : 22 élèves), les enfants peuvent désormais continuer ce travail seuls avec leur maitresse : ils peuvent finir d’enregistrer les sons eux-mêmes et les monter, grâce à Audacity, logiciel d’enregistrement et de traitement sonore, gratuit, que l’on peut donc télécharger librement sur Internet. Ils vont pour cela revoir le court métrage et noter à quels moments les bruits enregistrés apparaissent. Ils devront ensuite replacer chaque son enregistré au bon endroit et avec la bonne durée afin que le son et l’image soient bien synchronisés.

L’intérêt pour le public : les savoirs acquis

Ce fut une belle journée, les enfants ont beaucoup aimé réaliser eux-mêmes chaque son, grâce aux objets prévus pour les bruitages.

C’est ludique et cela permet de se rendre compte que sonoriser des images, c’est beaucoup moins compliqué qu’ils ne l’imaginaient ! 

Approcher le cinéma par le son permet d’avoir une approche plus critique et d’être davantage attentif à la partition son quand on voit des films. La sonorisation peut donner une dimension très vivante à des images d’animation même minimalistes. La bande son peut elle aussi porter le récit au même titre que les images et cet apprentissage constitue une très bonne façon de sensibiliser à l’art du récit par les images.

D’autre part, les savoir acquis lors de l’atelier permettent de pratiquer du montage son en toute autonomie et de garder une pratique régulière et de donner une portée à long terme d’une telle sensibilisation.

La maitresse, qui a pu se former à certaines utilisations du logiciel lors de la journée, a découvert que ce dernier est en fait très simple d’utilisation et peut lui permettre de créer énormément de possibilités d’exercices créatifs avec ses élèves.